Portrait de Candice Leloup, CEO et co-fondatrice de Green SURF

Interview de Candice Leloup, CEO et co-fondatrice de Green SURF

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je suis CEO de Green SURF, bureau d’étude spécialisé en agricultures urbaines. J’ai 49 ans, je suis Ingénieure agronome spécialisée en aménagement du territoire – faculté de Gembloux Agro-Bio Tech. Je me suis également formée par la suite en RSE [Responsabilité Sociétale des Entreprises] à l’école des Mines de Paris. Après 15 ans de travail en consultance sur des projets de transformation de processus et outils métiers, j’ai créé ma propre entreprise, Green SURF.

Qu’est-ce qui t’a amenée à créer ta propre entreprise ?

Le hasard de la vie (rires). Je cherchais à l’époque à changer d’activité et j’ai renoué avec un ami de l’université, Haïssam Jijakli, devenu depuis professeur à la Faculté de Gembloux Agro-Bio Tech et directeur du Centre de Recherches en Agriculture Urbaine. Il cherchait justement LA bonne personne pour créer une spin-off en agriculture urbaine tandis que de mon côté, je souhaitais revenir à quelque chose qui fasse sens en termes de développement durable. Ma famille m’a également beaucoup soutenue et encouragée à créer ma propre société, à sauter le pas, ce qui, je m’en suis rendue compte par la suite, était quelque chose que je souhaitais faire depuis longtemps. J’y réfléchissait sans que cela ne soit concret, en considérant 3 sujets qui représentent à mes yeux les 3 grands besoins humains : se nourrir, se loger et être en bonne santé. Notre approche de l’agriculture urbaine englobe justement ces trois points : elle crée de l’alimentation en circuit-court, peut être intégrée dans des projets de logement (mais également de bureaux, de commerces et projets mixtes) et a un impact positif sur la réduction du stress, l’ancrage dans le temps, le rapport à l’autre et le bien-être.

Pourquoi créer ta propre entreprise te tenait à cœur ?

Je voulais créer quelque chose à ma manière et sur base de valeurs que je ne retrouvais plus dans mon travail. C’est-à-dire un management centré sur l’humain et qui se préoccupe de l’impact de notre métier sur notre planète. Il est important de continuer à faire du business, mais de manière durable. Or, dans mes fonctions précédentes, seule la réussite économique était mise en avant, ce qui n’est pas suffisant.

Ça n’a toutefois pas été facile ! J’ai beaucoup douté avant d’oser me lancer. Je doutais d’avoir toutes les connaissances nécessaires pour créer ma propre entreprise. Je pensais qu’il fallait connaitre la vente, la R&D, le marketing, la communication, le droit au travail, la fiscalité, etc. Heureusement, j’ai réalisé que si on attend de pouvoir tout faire soi-même, on ne fera jamais rien.

Il faut se lancer et apprendre ! Ce qui compte c’est admettre qu’on ne peut pas tout savoir pour pouvoir agir : soit en se formant, soit en s’entourant des bonnes personnes.

Les entrepreneur.e.s ne sont pas des surhommes ou surfemmes qui sortent d’écoles d’entrepreneur.e.s. La majorité des entrepreneur.e.s sont chefs de TPE ou PME qui apprennent au jour le jour.

Être CEO chez Green SURF, ça veut dire quoi ?

En tant que CEO de Green SURF, je veille tous les jours à ce que nos valeurs, notre vision et mission transparaissent, que ça soit au travers de nos offres, de mon management, etc. Cela revient à mettre un peu de moi dans Green SURF en fait [rires]. Être CEO c’est aussi innover, apporter des solutions durables à nos clients et à mes collaborateurs. C’est faire différemment de ce que j’avais vécu pour que cela soit plus durable et collaboratif. Ce que j’aime particulièrement faire c’est de repousser les murs en douceur, sortir mes collègues de leur zone de confort tout en gardant les objectifs que nous nous sommes fixés en ligne de mire. C’est comme faire de la voile : la ligne droite n’est pas toujours le meilleur moyen pour atteindre la destination ; il faut pouvoir s’adapter aux éléments extérieurs car on ne peut pas tout anticiper.

Au quotidien, être CEO c’est surtout être un chef d’orchestre, couteau-suisse. En effet, je pars du principe que, comme j’ai une bonne équipe, mes collaborateurs font mieux que moi de nombreuses choses. Je fais donc le « reste », du moins au quotidien. Je suis de fait très fière d’avoir rassemblé autour de moi une belle équipe, avec des profils très différents, qui sont soudés, qui m’apportent beaucoup au jour le jour.

Ce que j’essaie d’amener à travers Green SURF c’est ma manière à moi de recréer le paradis, soit une vision du monde dans lequel je souhaite que tout un chacun puisse vivre : un lieu où l’on se sente en sécurité en termes de bien-être, où il y a une sécurité alimentaire, un lieu qui n’est ni trop chaud ni trop froid, où l’on a envie de vivre et de partager. Un endroit qui nous apporte tout ce dont on a besoin.

Qu’est-ce que cela fait d’être une femme CEO dans un secteur (Immobilier) très masculin ?

J’ai toujours évolué dans des milieux très masculins, tant durant mes études que mes différentes expériences professionnelles. Par contre je n’ai jamais considéré qu’être une femme faisait une différence. Cela fait une différence uniquement dans le regard des autres alors qu’à mon sens cela ne devrait pas en faire.

Peut-être qu’être une femme entrepreneur apporte une vision différente sur certains sujets ? Je ne me suis jamais posé la question en ce sens. Ce sont plutôt les différents caractères qui créent une différence, pas le genre. Peut-être qu’en étant femme on assume plus facilement d’avoir des failles car nos éducations ont été différentes ?

Pour ma part, mes parents n’ont jamais fait la différence entre mon frère et moi. Au contraire, ils m’ont toujours répété que je devais être autonome et que si j’avais envie de faire quelque chose, c’était à moi de le faire. D’ailleurs si on devient entrepreneur c’est pour avoir une certaine liberté d’agir, pour faire les choses.