07/04/2022
Green SURF a lu pour vous la synthèse du second volet du 6ème rapport du GIEC et vous partage ce qu’il faut retenir en termes de santé et danger alimentaire, ainsi que l’impact que l’agriculture urbaine peut avoir dans ce contexte. Les scientifiques insistent sur la nécessité de prendre au plus vite des mesures d’adaptation, et pointent la grande vulnérabilité de nos agricultures et de nos villes.
Le second volet du 6ème rapport du GIEC est univoque : nous devons agir, maintenant, de manière collective et concertée, à tous les niveaux (pouvoirs publics, secteur privé, associatif, individuel) pour réduire les impacts du réchauffement climatique que l’on ressent déjà et éviter de dépasser les 1,5°C de réchauffement climatique. En effet, au-delà d’un réchauffement planétaire de 1,5 °C, certaines mesures d’adaptation aux changements climatiques fondées sur les écosystèmes perdront de leur efficacité en termes de bénéfices pour les populations, car ces écosystèmes ne parviendront plus à s’adapter. Les preuves scientifiques cumulées sont sans équivoque : le changement climatique est une menace pour le bien-être humain et la santé de la planète. Et aujourd’hui, environ 3.3 à 3.6 milliards de personnes, soit la moitié de la population mondiale, vivent dans des contextes vulnérables au changement climatique.
Ce nouveau rapport se focalise sur les interactions entre changement climatique, écosystème (incluant la biodiversité) et l’activité humaine. Alors qu’aujourd’hui ces interactions, à cause de l’activité humaine, forment un cercle vicieux, le rapport explique qu’il nous reste une courte fenêtre de temps pour en sortir. Le rapport détaille les impacts et actions à prendre à court (d’ici 20 ans), moyen (d’ici 40 ans) et long (d’ici 80 ans) terme. L’agriculture urbaine est à plusieurs reprises indiquée comme outil de sécurité alimentaire, mais aussi comme moyen de réduire les émissions de CO2 dans la production et l’acheminement de nos aliments. Le système alimentaire dans son ensemble est en effet à lui seul responsable d’un tiers des émissions anthropiques mondiales de gaz à effet de serre.
L’élément clé dans ce changement c’est nous, être humain : de même que nous sommes la cause du changement climatique et donc de ses impacts, nous pouvons (et devons) le contenir pour faire en sorte de ne pas dépasser le seuil critique : un réchauffement de 1,5°C (par rapport à l’ère pré-industrielle située entre 1850 et 1900). Un réchauffement de 2°C n’est pas acceptable car il aurait des impacts irréversibles et nous amènerait dans un cercle vicieux de réchauffement, dégradation et perte d’espaces vivables.
Les trajectoires actuelles des systèmes alimentaires conduisent à la perte de biodiversité, à la dégradation des écosystèmes terrestres et aquatiques, sans pour autant assurer la sécurité alimentaire et la nutrition, ni fournir des moyens de subsistance durables et sains à de nombreuses personnes.
Le réchauffement climatique crée des risques pour la santé et la production alimentaire : la chaleur et la sécheresse augmenteront les pertes soudaines de production alimentaire, et ces dernières seront exacerbées par les pertes de productivité du travail dues à la chaleur. Ces impacts interdépendants augmenteront les prix des denrées alimentaires, réduiront les revenus des ménages et entraîneront des risques sanitaires de malnutrition et de mortalité liée au climat en cas de faible adaptation aux changements.
L’agriculture urbaine et périurbaine est présentée comme une stratégie efficace d’adaptation au changement climatique dans différents contextes. Afin de faire face aux effets du changement climatique, le renforcement des systèmes alimentaires régionaux doit devenir une partie explicite des politiques urbaine et régionale, déjà testé dans de nombreuses villes à travers le monde. Le renforcement des systèmes alimentaires locaux et régionaux doit tenir compte des limites et des compromis : l’agriculture urbaine ne peut assurer la sécurité alimentaire dans les zones à forte croissance démographique. Si besoin, le commerce international peut compenser les défaillances du système régional dues à des événements extrêmes ou à d’autres chocs climatiques.
Maximiser les avantages de l’adaptation et de la résilience des NBS (solutions fondées sur la nature) pour la production et la sécurité alimentaires suggère la nécessité d’embrasser la multifonctionnalité de l’agriculture urbaine plutôt que de la considérer uniquement comme une production alimentaire.
Le GIEC indique également qu’un changement de notre alimentation est nécessaire : réduire sa consommation de protéines animales, privilégier les aliments locaux et de saison. Tout un programme donc. Le changement de régime alimentaire – dans les régions où la consommation de calories et d’aliments d’origine animale est excessive, au profit d’une part plus importante d’aliments d’origine végétale, d’une plus grande diversité alimentaire et d’une réduction de la consommation d’aliments d’origine animale et d’aliments malsains (tels que définis par des groupes scientifiques comme EAT-Lancet) – présente des avantages 1) en termes d’atténuation et d’adaptation au changement climatique, 2) en termes de réduction de la mortalité due aux maladies non transmissibles liées à l’alimentation, 3) de santé, 4) de biodiversité et 5) d’autres co-bénéfices environnementaux.
Si le développement agricole contribue à la sécurité alimentaire, l’expansion agricole non durable, due en partie à des régimes alimentaires déséquilibrés, accroît la vulnérabilité des écosystèmes et de l’homme. De plus, cela entraîne une concurrence pour les ressources en terre et/ou en eau. Il faut donc soutenir l’agriculture, urbaine et rurale, mais pas n’importe laquelle. Les fermes et les jardins communautaires et institutionnels en plein air sont mieux placés pour fournir un accès accru à une alimentation saine à ceux qui en ont besoin.
L’agriculture et la sylviculture urbaines peuvent améliorer la nutrition et la sécurité alimentaire, le revenu des ménages et la santé mentale des agriculteurs urbains, tout en atténuant certains des effets du changement climatique, comme les inondations et les glissements de terrain (en stabilisant le sol et en réduisant le ruissellement, par exemple), la chaleur (en fournissant de l’ombre et par évapotranspiration) et en diversifiant les sources de nourriture en cas de sécheresse.
En outre, les scientifiques pointent que des atténuations faibles ou moyenne du climat ne sont pas suffisantes, voire contre-productives. Les initiatives donnant la priorité à la réduction immédiate et à court terme des risques climatiques réduisent les possibilités d’adaptation transformationnelle. De fait, les actions qui se concentrent sur les secteurs et les risques de manière isolée, sur les gains à court terme, conduisent souvent à une maladaptation si les impacts à long terme de l’option d’adaptation ne sont pas pris en compte. La mise en œuvre de ces actions inadaptées peut aboutir à des infrastructures et des institutions qui sont rigides et/ou coûteuses à modifier et ainsi freiner des solutions d’adaptation au changement climatique valables à long terme. En d’autres termes, il ne faut pas de demi-mesures.
Il faut donc opter pour des solutions d’adaptation efficaces associées à des politiques publiques favorables. Elles seules amélioreront la disponibilité et la stabilité des aliments et réduiront le risque climatique pour les systèmes alimentaires tout en augmentant leur durabilité. Les options efficaces comprennent l’amélioration des variétés, l’agroforesterie, l’adaptation communautaire, la diversification des exploitations et des paysages, et l’agriculture urbaine.
Les conditions favorables sont essentielles pour mettre en œuvre, accélérer et pérenniser l’adaptation des systèmes humains et des écosystèmes. Il s’agit notamment de l’engagement et du suivi politiques, des cadres institutionnels, des politiques et des instruments assortis d’objectifs et de priorités clairs, de l’amélioration des connaissances sur les impacts et les solutions, de la mobilisation et de l’accès à des ressources financières adéquates, du suivi et de l’évaluation, et des processus de gouvernance inclusifs. En d’autres mots, il est temps que nos politiques passent des paroles aux actes et choisissent réellement le réchauffement climatique comme préoccupation première !
Les impacts observés, les risques projetés, les niveaux et les tendances de la vulnérabilité et les limites de l’adaptation montrent que l’action en faveur d’un développement résilient au climat à l’échelle mondiale est plus urgente que ce qui avait été évalué dans le rapport précédent. Des réponses globales, efficaces et innovantes peuvent exploiter les synergies et réduire les compromis entre adaptation et atténuation pour faire progresser le développement durable. Il ne faut pas attendre que ces réponses viennent d’ailleurs, nous pouvons chacun à notre niveau avoir un impact. Le rapport le rappelle, il faut en effet une action à tous les niveaux : politique, privé, associatif et individuel.
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